Francis

Publié le par La rebellion des orphelins

Francis est seul sur la terrasse du café.

Francis se demande s’il assume cette solitude.

Francis a finit son café et sa cigarette depuis belle lurette. Il n’a plus aucun prétexte d’être seul  attablé à cette terrasse.Francis pense aux regards  des autres.  Il les magnifie à travers divers métaphores verbeuses :

 

« Ils me transpercent le corps tels les flèches criblant le martyre Saint Sébastien sur son gibet! »

 

 Mais, il a beau chercher dans le décor, rares sont ceux qui daignent poser les yeux sur sa personne.  Et  lorsque des pupilles tombent sur lui, le regard se contente de glisser sur Francis.

 A cette heure si matinale, on laisse voguer librement les regards qui évoquent le vol des mouches : allées et venues sans aucune stratégie, bifurquant de manière imprévisible, ne se posant  que pour s’envoler aussitôt.

Ainsi Francis pour les errances visuels des passants est aussi animé que cette bitte d’amarrage planté au bout du quai.

 Francis à la réflexion, comprend que c’est sa conscience qui revêt les passants d’une aura hostile Francis sourit à cette pensée. Il vient de songer à ce grand philosophe. Celui-ci un jour, face à une foule innombrable de mécontents, s’était dressé sur un piédestal, avait tendu un doigt vers la multitude avant de tonner avec une emphase magistrale : 

 

« L’enfer c’est les autres ! »

 

Peut être cela ne c’est il pas accomplit ainsi, mais cette sentence fut prononcé et à partir de ce moment là les Hommes l’ont intégrés trop heureux que cette maxime fut  aussi courte. Francis vient de développer la thèse inverse : « L’enfer c’est moi-même ».

Il serait facile de la transmettre. Les foules de mécontents sont légions dans ces temps aussi troubles. Francis écarte cette idée ; peut être ses capacités sont elles suffisantes pour faire de lui un grand Philosophe, mais sa déficience oral le condamne dores et déjà. Francis lorsqu’il use de la parole, doit être dans une concentration absolue, sinon il butte sur les consommes, prolonge ou écourte les voyelles. Il va jusqu’à manger les syllabes par groupe entier, rendant parfaitement inaudible le mot et l’idée qu’il génère. Cette voie qui à terme lui assure prospérité et postérité, est semée de nids de poules et Francis ne veut pas finir éclopé.

                 Un couple s’est assis à sa droite. Ils batifolent librement, ignorant sans scrupule Francis alors que La fille effleure son épaule. Francis est mécontent. Il voit bien que c’est deux là, après une belle nuit d’amour, sont dans leur idylle. Celui-ci leur à fomenter une bulle protectrice, et ils n’ont à faire qu’à eux même. Mais, Francis est exténué, il a essuyé l’indifférence des autres sans moufter ce matin. Avec cette proximité trop forte, il n’en peut plus d’être reléguer dans l’ombre. Alors il sort une cigarette, fait mine de fouiller ses poche et finit par se tourner vers le couple. Il demande pardon afin d’excuser l’entracte éphémère qu’il espère causer  et réclame doucement un feu. La fille machinalement tend un briquet, son regard est plongé dans celui de son amant n’a pas tremblé une seule seconde.

 

Francis fume, résigné, se contentant de son épaule légèrement collé à celle de la fille. « Ceci est mieux que rien. »  

     

A.Z

                                                                                                                                                                          

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