Comptoirs (9)

Publié le par La rebellion des orphelins

"C'est bon ça les mecs ! je leur dis. Je propose une sommaire écriture de ce morceau. Bien sûr ce sera juste histoire de se rappeler de l'ossature générale et des enchaînements. Mais le reste je vous fais confiance, ça reste notre impro'.

Quelqu'un a un nom ?

Le whisky ? propose Guillaume.

- Non, trop facile, je lui réplique. Moi je pensais à "Jazz appartement".

- C'est bien mais il manque quelque chose, fait Guillaume pensif.

 

Nous nous retournons vers Eudes jusque là très peu bavard.

 

Jazz à part, tu mens, envoie t'il de sa voix rauque et forte.

- Parfait, nickel, on prend, je vote pour, je dis en levant la main.

- Génial, ne peut qu'approuver Guillaume levant lui aussi la main.

Ajoutés à celui là, nous avons deux autre chansons très jazzy à savoir Ça jase dans le vase et Pourquoi pas l'enferqui font bien danser, deux blues à dispatcher à deux moments distants dans le concert qui sont My New Orleanset Bienvenue chez moi ainsi que notre reprise jazz de Gainsbourg, Ma lou Marilou,  les 6 performances techniques Ragtime de notre composition ainsi que le récent très apprécié Twist pour 6 ukulélés. Et puis, si jamais l'envie nous prend, un petit Miles, un petit Ellington, Vian ou Béchet ne fait jamais de mal.

Tou cela n'est pas à négliger.

C'est donc le quart d'heure parfait pour vous mettre au jus des nouvelles. Nous avons une fois de plus notre ticket pour jouer au Café des Anges. C'est demain soir. La patronne a encore été clémente. Ou amoureuse.

 

Je marque un temps et m'allume une sèche.

 

- Oui sûrement amoureuse, qu'est ce qui me prend.

 

Les deux autres se marrent.

 

- Je vous veux là parce que ce sera sûrement un très bel entraînement pour The Événement de la semaine qui se…

- On dit The Event, en anglais, corrige Eudes.

- Merci, cher Eudes. Je lui montre mon agacement.

- Bref, vendredi, j'ai une date. Et pas des moindres. C'est au Swift Pub…

- Tu déconnes, lâche Guillaume. C'est pas une blague. Ce pub est bourré à craquer tous les soirs. J'adore tout de cet endroit, ses meubles, sa déco, ses barmen, sa bière, sa musique et … et sa bière !

- Je connais bien aussi, continue Eudes en se caressant doucement la barbe. Intéressant. Intéressant.

- Intéressant ? je lui demande.

- Intéressant.

 

Il sort un cigare et le glisse à la bouche.

 

- Tu es étrange si souvent mon ami, je lui fais remarquer.

- Marylin bosse ici si je me rappelle bien, ajoute t'il.

- Marylin ? La Marylin ? s'étonne Guillaume au plus haut point. Tu es train de me dire que nous allons jouer dans le seul bar de Paris où travaille Marylin avec qui tu t'es marié pendant deux ans. Ahahah je me marre t'as vraiment pas de chance. Mais en même temps, je me marre encore parce qu'elle était exceptionnellement drôle. Et quelle descente. La bière, ça la connaît.

- Un sein pour la bière et un sein pour l'amour disait Brel, murmure Eudes un sourire en coin.

- Il avait compris lui, tout, poursuis-je.

- Vous inquiétez pas, rassure t'il en soufflant une grosse bouffée de son cigare, la rupture s'est passé dans d'étonnantes bonnes conditions et ça n'aura aucune incidence dans mon choix. J'en suis.

- Guillaume ?

- J'en suis aussi.

-Très bien alors vous me ravissez. Un dernière chose. Demain, il y a Sarah et il serait judicieux de ma part de montrer un peu de sérieux donc je veux un bon concert sans trop d'écarts.

 

Les trois compères se regardent, malicieusement et acquiescent.

 

Puis la répèt' reprend et se prolonge malgré l'heure tardive. Ça joue bien et je nous en félicite.

 

Je les quitte, pensif et ai déjà oublié la moitié de la liste de mes résolutions au réveil.

Je rentre à l'hôtel, le ventre presque vide, excepté un maïs grillé et le tiers d'une bouteille de whisky. Mais pour l'heure, cela me suffit.

Je salue Florence, mon aimable propriétaire, qui vient de se lever à son habitude de chouette, monte les marches, entre dans ma chambre et m'étale comme une souche, habillé. Mais je m'en fous royal.

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