De la mesure Messieurs !
Prenons cet homme.
Il met toujours de la mesure dans ses propos pour que ça convienne. Pas à tous, là n'est pas son but, mais assez pour paraître sain, en bonne santé et puis sobre.
Surtout rester sobre.
C'est sa devise.
Et sa plus grosse erreur.
Il nuance et adoucit ses paroles.
Celles-ci vont alors perdre leur saveur originelle. La perte de saveur entraîne la perte du sens.
Dans les conversations insensées que cet homme tient, il perd progressivement le fil.
Et se retrouve à ne savoir pas vraiment d'où il est parti et où cela lui mène. Il ne sait plus en quoi croire.
Par peur, et pris de vertiges, il ne prend pas de décision.
Pas de choix, pas de risques. Sauvé.
Sauvé ? Pas vraiment. Sa mesure le conduit à sa perte.
Il s'arrache les cheveux devant des Everest de choix qu'il ne tranche pas.
Et s'en arrache encore
Quand il se rend compte que lui, au moins,
Il a le droit d'avoir le choix.
Gâté par la vie, il la gâche sans remords.
Cependant, il l'aime trop pour vouloir la mort
Non ça, vraiment il n'y pense pas.
On l'entend dire "La mort, ça craint."
Ou encore "Plutôt crever !"
À l'intérieur, c'est à peu près l'état de l'être humain qu'il est
Mais à l'extérieur c'est autant étonnant.
Des passants curieux, certains mêmes émus
Compatissant devant tant de misère mentale délibérée
De gâchis programmé, planifié
Ont voulu le rencontrer
Et qu'elle n'était pas leur surprise, pardon le choc
Lorsqu'ils ont vu
Que de tous ces complexes états d'âme
Résultait en fait une chose inerte
Dotée d'une paire d'yeux mais juste bons à fixer un vague point au loin
Rien de ce qui émane de cette forme ne fait penser à un être vivant en réalité
Plutôt à un corps voguant
Complètement à l'ouest, mais à l'ouest de quoi ?
Dans la Lune, mais certainement pas de celle que l'on connaît
Car ici, personne ne se risquerait à y marcher